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Gazprom, pourrait-il concurrencer le développement du GNL en Europe ?

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Au cours des cinq premiers mois de 2016, le géant gazier russe Gazprom a augmenté ses exportations gazières vers les pays européens de 17,9% par rapport à la même période en 2015. Cette situation ne peut s’expliquer que par la conjoncture actuelle des marchés gaziers des pays de la région (par la baisse des prix du gaz, notamment), qui profite davantage aux consommateurs, ces derniers ne manquent pas d’accroître leurs importations de gaz bon marché afin de remplir leurs stockages souterrains. L’Ukraine, est peut-être, le seul pays qui n’était pas affecté par cette tendance. En effet, ses importations de gaz russe continuent à décliner de manière quasi continue. Les volumes de pompage de gaz dans ses stockages souterrains s’avèrent nettement inférieurs cette année, de janvier à mai 2016, le pays a pompé 230 millions de m3 de gaz moins par rapport à la même période il y a un an. Cependant, le retournement des cours du pétrole depuis 2014 fait courir au gaz russe le risque de voir sa compétitivité diminuer par rapport au gaz naturel liquéfié, vendu davantage sur les marchés spot.

Gazprom, réussit-t-il à maintenir la compétitivité de son gaz nature en Europe?
Gazprom, toujours en position de monopole en Europe. Mais pour combien de temps?

Aujourd’hui, le gaz naturel liquéfié ne représente pas encore une menace directe pour les exportations gazières russes. Sept pays européens l’importent à ce jour parallèlement au gaz russe : la Grande Bretagne, les Pays Bas, la France, l’Italie, la Grèce, la Pologne et la Lithuanie. Parmi ces pays, ce n’est qu’en Lithuanie que les exportations gazières russes sont nettement inférieures à celles de gaz naturel liquéfié. Si les livraisons russes y ont chuté de 33% depuis le début de 2016, l’approvisionnement en GNL de ce pays, au contraire, a été multiplié par 3,3. Selon le PDG de Gazprom, Alexei Miller, cette situation ne constitue pour l’instant qu’une exception à la règle, car sur les autres marchés européens, l’entreprise russe soit accroît ses exportations en parallèle avec le gaz naturel liquéfié, soit le supplante activement, comme c’est déjà le cas aux Pays Bas, en Grèce et, dans une moindre mesure, en Italie.

Gaz russe de pipeline vs GNL : Gazprom, plus compétitif ?

Il n’y a pas si longtemps, de nombreux experts du secteur gazier ont été convaincus que le monopole gazier russe ferait face à une forte concurrence de la part du gaz naturel liquéfié. Les explications étaient différentes, allant des nouveaux projets australiens de GNL (dont sept, d’une capacité totale de liquéfaction de 57,6 millions de tonnes/an sont actuellement en phase de construction et seront disponibles pour approvisionner les marchés fin 2016 – début 2017) jusqu’aux exportations massives de GNL américain. Le développement de la production du gaz de schiste sur le sol américain a rendu possible les exportations, qui ont débuté en février 2016 et se développent au fur et à mesure de l’obtention des autorisations d’exportation.

Cependant, si les prix bas du pétrole qui se sont installés ces dernières années, ont induit une diminution importante des recettes de Gazprom, ils ont symétriquement augmenté la compétitivité du gaz naturel russe par rapport au prix du GNL sur les marchés spot. On a ainsi assisté à une convergence à la baisse des prix tant du GNL spot que du gaz naturel, sous l’influence de la baisse des cours du pétrole. La convergence des prix a eu un impact sur l’industrie de réexportation de gaz naturel liquéfié : en Europe, ce sont les Espagnols et les Belges qui, les premiers, ont souffert de ce retournement. Par conséquent, les fournitures de GNL en Espagne, qui est le deuxième plus grand marché du GNL dans l’UE, ont baissé de 3,6%. En Belgique, ce chiffre s’est effondré : les importations de GNL y ont chuté de 72,5%.

La compétitivité du gaz naturel russe est encore plus visible sur les marchés gaziers hollandais et grec. Les Pays Bas, pionnier de la production gazière en Europe dans le passé, sont en train de devenir un importateur net. Alors que ses importations de GNL augmentent légèrement (0,8 Bcm en 2013 vs 1,1 Bcm en 2014), celles de pipeline augmentent à un rythme plus important (21,5 Bcm en 2013 vs 23,2 Bcm en 2014). Cela s’explique par le fait, que les compagnies énergétiques locales ne trouvent pas sur les marchés spot du gaz naturel moins cher que celui de Gazprom. Quant à la Grèce, ce pays a sensiblement réduit ses achats de GNL au profit du gaz russe. L’entreprise grecque DEPA, qui est en position de monopole sur le marché domestique, essaye de respecter les conditions du contract take or pay avec Gazprom, en tenant compte du report des volumes de 2014.

Ainsi, pour l’instant, Gazprom réussit à maintenir la compétitivité de son gaz naturel sur les marchés de ses principaux clients européens. Mais, comme nous l’avons évoqué supra, la situation pourrait s’inverser. En effet, si les cours du pétrole continuent à croître et les prix spot du GNL en Europe restent au même niveau en raison de l’offre excédentaire, le GNL pourrait plus facilement s’installer dans le paysage gazier européen.

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